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#FF00AA


2 fév. 2003

It’s not quite dead yet

Je crois qu’il est peut-être temps que je la fasse, ma critique d’Opera 7. Comme j’ai un grand sens du suspense, je ne vais pas vous dire tout de suite que, bien que cette version représente un immense progrès par rapport aux précédentes, je suis revenu à Mozilla. Non, il faudra que vous lisiez jusqu’au bout pour le savoir.

Tout commence par le download. C’est souvent comme ça que les choses commencent. Les browsers, les jeux, le sexe… Bref. Je n’aime pas Java, ça ne sert à rien qu’à faire clignoter toutes les fenêtres transparentes à l’écran, donc je ne le charge pas ; résultat, le téléchargement fait… devinez… non, ce n’est pas devinable… 3 Mo. Pour un browser complet ? Non : pour un browser qui inclut un client mail et newsgroups. Je ne pensais pas qu’en 2003 on pouvait encore mettre tout ça 3 Mo. Mais à quoi jouent les développeurs de Phoenix ? D’un coup, je réalise mieux pourquoi Apple n’a pas choisi Gecko pour Safari : si c’est bien le moteur de rendu qui prend autant de place dans Phoenix, ça ne donne pas envie.

Ensuite, une fois qu’on a attendu (pas longtemps du tout, même sur modem) que l’install soit chargé, on lance Opera. Et là, c’est hallucinant. C’est beau. Vraiment beau. D’autant plus beau quand on se souvient à quoi ressemblait Opera 6. C’est de très loin le plus beau browser jamais créé sur PC. Le seul et unique défaut visuel, c’est que tous les boutons soient de la même couleur et du même volume, ce qui fait qu’on est obligés de regarder à deux fois pour trouver le bouton qu’on cherche ; c’est mal, mais ça implique juste qu’il faille mémoriser les emplacements, rien de grave. Cerise sur le gâteau, on peut changer les couleurs de l’interface, y compris en prenant les couleurs système Windows, et même les icônes changent de teinte. Superbe.

Ensuite, le rendu. C’est un peu important aussi. Je n’ai pas testé une tonne de sites, mais globalement ça fonctionne très bien (il y a un petit bug sur gayattitude.com(w), que je ne pense pas pouvoir pallier sans changer le layout, donc il faudra qu’ils le corrigent de leur côté) et, surtout, c’est incroyablement rapide. Je n’avais jamais trop fait attention aux petites différences de vitesse entre Explorer et Mozilla, mais en passant sous Opera je n’en revenais pas. Ces pages qui défilent instantanément quand j’utilise la roulette de ma souris… c’est hallucinant. Quand je fais Back, la page précédente se réaffiche tellement vite que j’ai l’impression qu’Opera n’a pas réagi et ne m’a pas entendu. Seul gros problème de rendu toujours pas réglé, les formulaires : les champs sont deux fois trop grands et cassent mon layout. Et, pour une raison qui m’échappe, je n’arrive pas à afficher mon blog en Georgia. Mais rien de bien grave, donc, comparé aux versions précédentes, ou même comparé aux incompatibilités qu’a rencontrées Mozilla lors de sa sortie.

Surprise, les animations Flash s’affichent. Est-ce que le plugin est inclus dans les 3 Mo, ou est-ce que l’installation l’a récupéré, soit dans Explorer, soit dans la version précédente d’Opera ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est louable. Seconde surprise, les sidebars que j’ai conçues pour Mozilla marchent sans la moindre modification dans Opera. Merci aux concepteurs d’avoir gardé le target=”_content” pour simplifier le travail à tout le monde… pas le genre de cadeau que ferait Microsoft.

Testons un peu le client mail… L’interface n’a rien d’original et, même si je préfère la gestion de folders à la Eudora (plein de petites fenêtres différentes, comme un gestionnaire de fichiers, plutôt que les trois volets à la Outlook), j’aime beaucoup l’idée d’avoir tout mon client mail dans un tab du browser. Globalement, c’est plutôt bon — il y a juste l’option Quick Reply, totalement condamnable, qui permet de taper une réponse courte et de la renvoyer d’un clic, le message cité se retrouvant au-dessous. Rajouter une fonctionnalité qui transforme le mail en chat et auto-goret-quote, Microsoft doit s’en vouloir de ne pas y avoir pensé (à moins qu’ils l’aient fait ? je n’utilise pas Outlook, je ne sais pas).

J’aime beaucoup la gestion des dossiers : Opera crée des dossiers virtuels, qui reprennent les mails où qu’ils soient. Un dossier Unread, par exemple, qui liste tous les mails non lus (duh), où qu’ils soient dans l’arborescence. Mieux (quoique je ne sois pas sûr de l’utilité, mais j’aime l’idée), des dossiers Attachments (séparant les images, la musique, la vidéo et les autres fichiers) reprennent tous les mails ayant des fichiers attachés. Je ne sais pas à quoi ça sert, mais j’aime l’idée, au niveau technique. Là où ça se gâte, c’est quand j’importe mes 31 700 messages. (Ouais, je devrais faire du ménage, mais pourquoi ?) Bien sûr, l’importation prend des heures, mais ce qui est plus gênant est que les dossiers comme Unread deviennent terriblement lents à utiliser. Visiblement, il n’y a pas d’optimisation : si on veut changer l’ordre de classement du dossier, il semble qu’Opera reparcoure toute la base de données mail, alors qu’il suffirait de refaire le tri sur la liste déjà compilée. Et, plus grave, carrément plus problématique, l’importation a paru bien se passer mais certains dossiers sont manquants. Pourquoi ? Tout ce que je sais, c’est que ça m’a incité à dire immédiatement adieu au client mail d’Opera. Dommage, je l’aimais bien.

Les défauts, maintenant : ils ne sont pas très nombreux. Vraiment pas. Suffisamment peu nombreux pour que je puisse recommander Opera aux gens avec qui je discute — surtout que, pour une raison qui m’échappe totalement, la version que j’ai téléchargée n’affiche pas les bandeaux de pub qui sont censés permettre à Opera de survivre. Bug ou opération promotionnelle ? Opera 7 n’a pas complètement abandonné les pubs, si ?

Les défauts, donc. Ce ne sont que des petites choses. Des choses d’une petitesse surprenante, même, maintenant que je relis mes notes et que j’essaie d’en faire quelque chose de valable pour mon article. Mais ce n’est pas la taille qui compte.

Des détails, disais-je, comme le fait qu’en voulant fermer une popup par Alt-F4 (qui en l’occurrence est assigné au cinquième bouton de mon trackball, donc que j’utilise souvent) je me suis retrouvé à fermer tout Opera, parce que les popups s’ouvrent dans l’interface et non dans des fenêtres séparées. Une idée que je trouve absolument absurde — j’ai déjà dit combien je détestais le concept du Multiple Document Interface inventé il y a longtemps par Microsoft pour se démarquer du Mac — et je me demande dans quelle mesure cette décision n’est pas uniquement due au fait que le bandeau de pub, pour les utilisateurs gratuits, doit toujours être bien visible au premier plan. Ce qui serait une motivation sacrément déplorable pour un choix aussi important.

Ensuite, ce n’est pas grand chose et ça ne concerne sûrement que moi, mais Opera semble ne pas vouloir mémoriser les mots de passe de mon intranet. Vu que mes bookmarks passent systématiquement par un script local, c’est un poil énervant.

Le principal problème, c’est que j’ai du mal avec l’implémentation des tabs. Ca vient certainement du fait qu’il s’agit à l’origine d’une interface MDI à laquelle on a rajouté des tabs, au lieu de concevoir des tabs à partir de zéro. Ca s’exprime, par exemple, par le fait qu’on puisse fermer tous les tabs, ce qui est drôlement utile pour un browser. Et il y a pein d’autres petits détails énervants du même genre, mais j’ai oubliés de les noter.

Enfin, ça manque sérieusement de pages d’options, ainsi que d’options cachées. On se moque souvent des possibilités de customization de Mozilla, alors que c’est bien sa plus grande qualité ; dans Opera, rien de tel, il faut utiliser le browser tel qu’il a été conçu. Et je n’aime pas la façon dont il a été conçu. Pire, le client mail, par exemple, ne propose qu’une seule page d’option, alors qu’Eudora en a une vingtaine ; il y a forcément plein de choses qui manquent, ça ne fait pas très sérieux.

Fondamentalement, si ça n’accroche pas entre Opera et moi, c’est certainement parce que je suis vraiment dans la cible de Mozilla. Je n’avais pas encore réalisé, alors que c’est évident : Mozilla est un navigateur fait pour et par les nerds, et je suis un nerd. Je peux supporter les fonctionnements bizarres de Mozilla, parce que je suis informaticien, et que je comprends comment il a été conçu. Je suis fait pour utiliser un browser qui permet de faire une recherche dans le texte en appuyant sur /, parce que c’est quelque chose qui me parle. Alors qu’Opera est un logiciel grand public, dont les défauts me deviennent vite insupportables, alors qu’ils passeront inaperçus aux yeux de l’utilisateur lambda. Voilà comment on se retrouve à écrire une critique négative qu’on conclut en recommandant le produit dont on parle.

Bref, je suis revenu à Mozilla. C’est douloureux, après avoir utilisé Opera ne serait-ce que quelques minutes, de revoir le défilement faire floc-floc-floc au fur et à mesure qu’on tourne la roulette.

Comme j’étais trop frustré par l’interface après avoir vu celle d’Opera, j’ai réinstallé AquaMOZ et pris le temps de chercher tout ce que je pouvais modifier dans userChrome.css pour que ce soit plus joli et plus fonctionnel, et notamment pour remplacer les boutons par ceux de Chimera (qui ne sont pas parfaits, mais sont déjà moins moches). C’est ça, un browser de geeks : ça définit toute son interface en CSS pour qu’on puisse la modifier en quelques règles CSS dans un fichier personnel. Oui, c’est gros, c’est un peu lent et pas très utile, et tout n’est pas bien conçu. Mais je m’y sens chez moi.

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